Quelques minutes après minuit - Patrick Ness

Informations :

Auteur : Patrick Ness
Illustrateur : Jim Kay
Éditions (collection) : Gallimard (Jeunesse)
215 pages
18,00 €

Quatrième de couverture :

Depuis que sa mère est malade, Conor redoute la nuit et ses cauchemars. Quelques minutes après minuit, un monstre apparaît, qui apporte avec lui l'obscurité, le vent et les cris. C'est quelque chose de très ancien, et de sauvage. Le monstre vient chercher la vérité.

Mon avis :

Je ne saurais me souvenir exactement du comment Quelques minutes après minuit a atterri dans ma Wishlist. Tout ce dont je puis me rappeler, ce sont ces longs mois durant lesquels j'ai repoussé son achat, pour finalement le croiser au détour d'un rayonnage et me dire : « pourquoi pas ? ». Certaines histoires sont si terribles et douloureuses qu'elles vous traversent comme si vous n'étiez qu'un nuage de poussière, ébranlant par là-même ces murs que votre conscience avait eu tant de mal à ériger. Quelques minutes après minuit fait partie de ces histoires qui vous submergent et vous bouleversent irrémédiablement, jusque dans les plus obscures profondeurs de vos entrailles.

Depuis que Conor sait que sa mère est atteinte d'un cancer, il ne se passe pas une nuit sans qu'il ne fasse le même cauchemar. Un soir, lorsque quelques minutes après minuit, le grand if du cimetière d'à côté lui rend visite, Conor se dit qu'il s'agit encore d'un mauvais rêve. Mais les nuits suivantes, le Monstre réapparaît, toujours plus grand et terrifiant. Petit à petit, Conor comprend qu'il n'est pas un Monstre comme les autres. Car ce qu'il est venu chercher n'a rien d'anodin... Il s'agit de cette vérité que le petit garçon fuit depuis maintenant bien trop longtemps.

On ne peut comprendre toute la force de ce livre sans aborder auparavant l'histoire de sa conception. Car Quelques minutes après minuit n'est pas né de l'imagination de Patrick Ness. C'est Siobahn Dowd qui est à l'origine du projet. Emportée par la maladie avant d'avoir pu terminer son histoire, son ami et collègue lui rend hommage en reprenant ses idées pour les mener à leur terme.

« Elle avait les personnages, le début et quelques pistes. Ce qu’elle n’avait pas, hélas, c’était le temps »

Comment accepter la perte d'un être cher ? Comment se reconstruire après que l'inacceptable se soit produit ? À travers le personnage de Conor, ce sont ces questions même que les deux auteurs ont voulu aborder. Une lecture douloureuse mais porteuse d'une leçon de vie essentielle : ce qu'on tient pour vrai ne l'est pas toujours, de même que les apparences sont parfois trompeuses. Car si le monstre rend visite à Conor, ce n'est pas pour lui faire peur, c'est uniquement pour lui faire prendre conscience que les histoires ne sont jamais ni bonnes ni mauvaises : il convient à chacun de tirer du bon là où il ne semble y avoir que du mauvais.
 

 « Bien des choses vraies ont l'air de tromperies. Les royaumes ont les princes qu'ils méritent, les filles de fermier meurent sans raison, et des sorcières méritent parfois d'être sauvées. Très souvent, même. Tu serais étonné. »

 

J'ai aimé rire de ces discutions entre le Monstre et Conor. J'ai aimé pleurer des paroles échangées avec sa mère. J'ai aimé la plume de Patrick Ness et Patrick Ness lui-même, qui ne tombe jamais dans la surenchère mais demeure toujours juste. J'ai aimé les illustrations de Jim Kay, qui demeurent évocatrices sans jamais brider l'imagination du lecteur. J'ai aimé ne pas savoir quelle était la part de réel et de faux dans cette histoire. J'ai enfin aimé cette vérité qui s'en dégage. Cette vérité qui n'est autre que celle des émotions et des sentiments.

On ne peut exprimer avec des mots toute la force qui se dégage de cette histoire, toute l'émotion qu'elle suscite chez le lecteur qui s'y attarde un temps soit peu. Quelques minutes après minuit fait partie de ces chefs d’œuvre du 21ème siècle qui resteront pour sûr dans les mémoires. Après cette lecture qui nous parle de la mort, mais aussi et surtout de la vie et de son combat, on ne peut que ressortir grandi. À lire et à relire. Encore et encore.

Les petits extraits qui font envie :

 

« On n'écrit pas sa vie avec des mots. On l'écrit avec des actes. Ce que tu penses n'est pas important. C'est ce que tu fais qui compte. »

 

« Les histoires sont importantes. Elles peuvent être plus importantes que tout. Si elles apportent la vérité.  »